Nespresso s’engage dans la réinsertion professionnelle d’anciens détenus

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Aujourd’hui, en France, 59 % des anciens détenus récidivent dans les cinq années suivant leur sortie de prison. L’association Wake up Café (WKF) leur propose de découvrir ou de redécouvrir le monde du travail. Depuis 2015, Nespresso France prend part à cette initiative. Ce partenariat permet la réinsertion de personnes détenues, véritable enjeu sociétal.

Par Raphaël Adam

Repères :

En 2021, près de 75 « wakeurs » ont suivi les 9 ateliers animés, sur les sites de WKF, par 16 collaborateurs de Nespresso. L’année 2022 s’inscrit dans la continuité, avec plus de 140 wakeurs qui devraient participer à ces ateliers dans le cadre de l’extension du programme à Lyon, à Marseille et à Montpellier notamment.

 

Tout d’abord, il y a une rencontre. Celle de Clotilde Gilbert, fondatrice du Wake up Café, et d’Hélène Gemähling, directrice des ressources humaines de Nespresso. En février 2018, la seconde remet à la première un prix couronnant la diversité. La DRH de Nespresso est sensible à l’engagement de l’ancienne aumônière de prison, à « sa foi », même. Rapidement, les deux femmes se revoient. Clotilde se rend au premier rendez-vous accompagnée de Mathieu, « wakeur » (ancien détenu) réinséré dans le monde professionnel grâce à l’association.

 

Le constat est clair : l’enfermement et l’inaction désocialisent et déstructurent les détenus. À leur sortie de prison, « retrouver une vie sociale et professionnelle est pour eux un challenge : ils doivent retrouver de la confiance pour agir positivement dans la société », explique Barthélémy Delcampe, délégué de Clotilde Gilbert. « Accompagner des personnes en situation de réinsertion est tout sauf un acte passif, ajoute-t-il, nous sommes aux côtés de personnes qui doivent avoir un certain degré de motivation pour que nous puissions les soutenir vers une réinsertion durable sans récidive. »

 

Hélène Gemähling ne peut qu’abonder dans le sens de Barthélémy. Plusieurs points communs rassemblent les deux entités, selon la DRH : « Notre métier de RH est de recruter les talents et de stimuler les équipes au quotidien ; la mission de Wake up est d’accompagner et de coacher des personnes en situation transitoire. » Les collaborateurs de la direction des ressources humaines de Nespresso spécialisés dans le recrutement et la formation s’impliquent donc pleinement dans ce partenariat lors des ateliers de coaching pour l’emploi qu’ils organisent, « en particulier sur tout ce qui touche aux CV et aux entretiens d’embauche », et également lors d’ateliers relatifs aux métiers de la relation client.

Depuis quatre ans, des collaborateurs de Nespresso soutiennent des wakeurs pour les aider à retrouver le goût de s’engager dans une entreprise. « L’idée n’est pas forcément qu’ils rejoignent notre entreprise. Nous leur donnons des informations sur nos métiers mais aussi des clés de compréhension du marché du travail actuel », explique Hélène Gemähling. Le partenariat est solide et inspirant pour les collaborateurs de Nespresso France. « Ceux-ci ont la fierté de voir que leur entreprise s’engage pleinement, poursuit la DRH, en leur permettant de dégager du temps pour agir au sein de ce partenariat. Il y a aussi une richesse personnelle. Ce sens sociétal s’exprime en équipe et individuellement. » Car ce partenariat a été mis en place par la DRH mais il est surtout porté par les collaborateurs de Nespresso : « Beaucoup s’intéressent au sort et au destin des wakeurs qu’ils rencontrent, de leur parcours avant et après leur détention. Ils sont fiers de porter ces initiatives auprès de leurs collègues, de leur vie d’équipe. En somme, de donner d’eux-mêmes. »

 

Concrètement, Wake up Café et Nespresso ont coconstruit des parcours de formation, des stages et des ateliers de deux heures environ. Les wakeurs visitent des boutiques, rencontrent des collaborateurs de Nespresso, des focus sur les métiers sont programmés. « Comme dans le monde de l’entreprise, où le manager et le collaborateur doivent se faire confiance, chez nous, c’est pareil. Il faut que la confiance soit réciproque, entre le wakeur et les formateurs, insiste Barthélémy Delcampe, l’association n’est pas un distributeur de services. Le wakeur coaché a aussi une responsabilité, il doit adhérer à l’esprit de la communauté d’entraide pour apprendre ou réapprendre à vivre ensemble. » L’association propose donc des parcours à temps plein visant une réhabilitation complète de la personne, un accompagnement individuel dedans-dehors sur mesure. « Notre force est aussi d’entourer les wakeurs avec une communauté d’entraide, poursuit Barthélémy, c’est une condition majeure pour lutter contre l’isolement post-détention. »